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Faut-il dévoiler des résultats de recherche contraires à nos convictions politiques ?
Beaucoup de personnes travaillant dans le monde de la recherche ont des convictions politiques, plus ou moins fortes. Certaines militent mêmes dans des associations ou partis. Or, dans les sciences humaines et sociales en particulier, certains résultats de recherche sont susceptibles d’entrer en conflit avec les convictions des chercheur·euses. Imaginons par exemple un militant anti-raciste qui découvrirait que certains préjugés sur les taux de criminalité chez les personnes racisées se vérifient empiriquement (ce qui ne dit rien des causes de taux inégaux), ou une climatologue, militante écologiste, qui découvrirait des éléments remettant en question l’impact de l’humain sur le réchauffement climatique.
Questions normatives : Les chercheur·euses ont-ils et elles un devoir de toujours dire la vérité ? De dévoiler tous les résultats de leurs recherches, même quand ils ne leur plaisent pas ? De les communiquer y compris au grand public ?
Off the record
Hyacinte Amarante (nom d’emprunt) est chercheuse en sociologie politique. Elle fait des entretiens dans le cadre d’une recherche qualitative et s’est liée d’amitié avec une des personnes dont elle étudie le parcours de vie. Probablement en raison de cette proximité, cette enquêtée lui fait une confidence, en lui demandant de ne pas en parler. Or, cette confidence est très éclairante du point de vue du sujet de recherche de Hyacinte. Elle permet de comprendre et dévoiler des pratiques de corruption qui semblent répandues, mais sont largement tues. Peut-elle en parler dans sa thèse ?
Questions normatives : Y a-t-il des limites à la proximité qu’on peut établir avec un·e enquêté·e ? Peut-on utiliser des propos qui ont été exprimés en-dehors d’un entretien formel ? Protéger l’anonymat de l’enquêté·e est-il suffisant ou avons-nous également une obligation morale de ne pas trahir une relation de confiance ?